Humex, Actifed, Dolirhume... le gendarme du médicament alerte une nouvelle fois sur leur dangerosité : l’hiver arrive, attention ! 02/11/2023
Dû à une baisse de la température, la saison hivernale s'accompagne généralement d'une vague de rhume et de grippe. Pour soulager les symptômes désagréables liés à ces derniers, les vasoconstricteurs s'avèrent très efficaces pour déboucher le nez. Un bien qui cache pourtant un mal ! Après une première mise en garde fin 2021, l'ANSM tire une nouvelle fois, ce lundi 23 octobre, la sonnette d'alarme contre l'utilisation des comprimés anti-rhume. Associé à des cas d'infarctus de myocarde et d'accidents vasculaires cérébraux, le gendarme du médicament lance un appel contre l'utilisation de ces derniers.
I - Vasoconstricteurs : c'est quoi exactement ?
Les comprimés ou sprays vasoconstricteurs à base de pseudoéphédrine de type Humex, Actifed, Doliruhme ou encore Nurofen sont plébiscités par de nombreux malades. Par voie orale ou nasale, ils sont utilisés pour le traitement symptomatique de la congestion nasale. En effet, ils décongestionnent le nez en dégonflant la muqueuse et en réduisant la taille des vaisseaux sanguins, ce qui diminue rapidement la sensation de nez bouché et permet de mieux respirer. Commercialisés en pharmacie depuis plus d'une vingtaine d'années, ces derniers sont en vente libre et sont disponibles sans ordonnance. Cependant, leur délivrance a été renforcée ces dernières années.
II - Des inquiétudes sanitaires fondées
Cela fait plusieurs années que l'ANSM a mis en garde les usagers de Dolirhume, Humex, Actifed et consorts contre l'utilisation sans ordonnance de ces produits pharmaceutiques. Sa directrice souligne d'ailleurs que « Des infarctus du myocarde et des accidents vasculaires cérébraux (AVC) peuvent se produire après utilisation de ces médicaments vasoconstricteurs », et ce, quelles que soient la dose et la durée du traitement. De son côté, Jean-Paul Giroud, pharmacologue et chef de service à l'hôpital parisien Cochin affirme avoir vu « des dizaines et des dizaines de patients » victimes de ces comprimés, et pour cause principale, leur accès sans ordonnance.
Les effets indésirables liés à la prise de vasoconstricteur
Qu'ils soient pris par voie orale ou nasale, les vasoconstricteurs peuvent entraîner des effets secondaires mineurs tels que la sècheresse de la bouche ou du nez, des maux de tête, une anxiété, à des effets plus inquiétants comme la tachycardie, l'infarctus du myocarde, une tension artérielle élevée, des hémorragies gastro-intestinales et des réactions cutanées graves. Sujet à de nombreuses contre-indications, la prise de ce médicament est interdite aux enfants de moins de 15 ans, aux femmes enceintes et allaitantes, aux personnes atteintes ou à risque d'AVC, aux personnes hypertendues, aux insuffisants coronariens, aux personnes ayant des antécédents de convulsions et celles à risque de glaucome.
III - Hiver et rhume : quel bon geste adopter ?
Durant l'hiver, petits et grands sont susceptibles d'attraper un mauvais rhume ou une grippe, mais surtout dites « stop » aux médicaments en vente libre et préférez plutôt des alternatives non médicamenteuses. La directrice de l'ANSM ou encore le docteur Gilles Munier recommande justement d'« humidifier l'intérieur du nez avec des solutions de lavage adaptées : sérum physiologique, sprays d'eau thermale ou d'eau de mer » ou encore de « boire suffisamment ». Leur efficacité n'est pas contestée, mais « les lavages de nez permettent d'obtenir des résultats similaires même s'ils sont moins spectaculaires ».
Pour l'interdiction des vasoconstricteurs
Par rapport à l'alerte lancée sur les effets néfastes des vasoconstricteurs, le Collège de la médecine générale, le Conseil national professionnel d'ORL, ainsi que l'Ordre national des pharmaciens et les syndicats de pharmaciens d'officine déconseillent ouvertement leur utilisation. De leur côté, les médecins et les pharmaciens ne peuvent plus se cantonner sur le curatif, mais doivent agir en tant qu'acteurs de santé publique et intégrer de plus en plus prévention et éducation du patient dans leur pratique quotidienne.
IV - Comment réagissent les fabricants face à l'alerte de l'ANSM ?
Face aux nouvelles mises en garde de l'ANSM, les laboratoires et producteurs de l'industrie pharmaceutique estiment une communication plutôt prématurée de leur part. Si le nombre de personnes présentant des effets secondaires importants ne semble pas avoir évolué, les conclusions scientifiques du comité de pharmacovigilance européen n'ont pas encore été livrées. Cependant, l'avis de l'Union européenne est attendu d'ici la fin de l'année.
Des campagnes de sensibilisation
Après « les antibiotiques, c'est pas automatique », l'ANSM lance une nouvelle campagne de sensibilisation contre l'auto-médication. Avec pour slogan « Les médicaments ne sont pas des produits ordinaires, ne les prenons pas à la légère ! », celle-ci souhaite interpeller la prise de conscience du grand public sur les dangers des produits pharmaceutiques sans ordonnance.
Partages d'expériences sur leur utilisation
Attrapant malencontreusement un rhume à la fin de l'été indien, Adrien, jeune homme de 33 ans, s'empresse d'aller à la pharmacie de la République à Paris pour se procurer de l'Humex. Il affirme que ce remède anti-nez bouché est très efficace et qu'en seulement 48 ans, le rhume a presque disparu. Le seul problème, c'est qu'il le fait somnoler. Depuis, il ne l'utilise plus qu'avec parcimonie. De son côté, Blandine, femme de 58 ans, préfère humer de l'huile essentielle d'eucalyptus sur son mouchoir au lieu de prendre un vasoconstricteur, cela dégage les sinus et fluidifie les mucosités.
Conclusion
Bien que le risque d'infarctus du myocarde ou d'AVC est très faible, le danger de l'utilisation des vasoconstricteurs tels que Dolirhume, Actifed et Humex est bien présent. Consciente de cela, l'ANSM renforce volonté de prohiber la commercialisation et la vente sans ordonnance de ces derniers. Par-dessus tout, il est primordial d'informer, d'éduquer le grand public sur la santé et la prudence en matière de produits pharmaceutiques.
